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Biographies et mémoires

Mon vrai nom est Elisabeth de Adèle Yon : résumé du livre

Mon vrai nom est Elisabeth est un livre hybride mêlant le récit autobiographique, l’enquête familiale, l’essai et le road-trip, écrit par Adèle Yon, une jeune autrice française de la génération 1990. Paru en 2025 aux Éditions du Sous-sol, cet ouvrage interroge avec intensité la mémoire familiale et les cicatrices laissées par la maladie mentale et les traitements psychiatriques du XXe siècle.

Genre et structure du livre

Ce premier livre d’Adèle Yon est un objet littéraire complexe qui oscille entre plusieurs formes : récit intime, enquête documentée, essai historique et démarche de recherche-création. Il est aussi le prolongement de sa thèse doctorale soutenue en 2024 à l’université PSL, qui explore le « double fantôme » de sa famille. L’écriture témoigne d’une grande liberté de ton, mêlant rigueur documentaire et émotion transparente. L’autrice explore non seulement l’histoire d’une femme de sa famille, mais engage aussi une réflexion sur la représentation et le silence autour des victimes de la psychiatrie d’après-guerre.

Contexte et cadre historique

L’histoire prend racine dans le milieu familial bourgeois des années 1930 à 1950. L’objet principal du livre est Elisabeth, dite Betsy, l’arrière-grand-mère d’Adèle Yon, diagnostiquée schizophrène et soumise à de lourds traitements psychiatriques de son époque, avec notamment des électrochocs, la cure de Sakel, et une lobotomie. Elisabeth a été internée contre son gré pendant dix-sept ans dans un hôpital psychiatrique. Ce contexte historique incite à une analyse non seulement des pratiques médicales mais aussi des représentations sociales de la folie et des femmes dans la société française d’après-guerre.

Thématiques principales

Le livre interroge plusieurs thématiques centrales : la mémoire familiale et ses silences, la transmission des traumatismes, le poids du diagnostic psychiatrique et le rôle des soins coercitifs dans la déshumanisation des malades mentaux. À travers la figure d’Elisabeth, Adèle Yon explore le mythe de la folie héréditaire et redonne une voix à une aïeule longtemps effacée et réduite au silence. La quête d’identité et la peur de la maladie mentale, qui touchent la narratrice elle-même, traversent le récit, mêlant enquête personnelle et critique sociale.

Style et approche narrative

Le style de l’autrice est marqué par une introspection poignante et une prose claire, quasi clinique dans son effort de déconstruction des archives, mais toujours sensible et respectueuse. L’écriture met en scène une véritable « autopsie familiale », où les documents d’archives, les correspondances privées, les journaux intimes et les témoignages sont confrontés sans jugement dans une démarche exclusivement factuelle et empathique. Le récit n’est pas simplement linéaire mais polyphonique, donnant voix aux différentes générations et aux absents, à travers un dialogue entre le passé et le présent.

Enjeux et portée du récit

Au-delà de la reconstitution biographique, Mon vrai nom est Elisabeth interroge les notions de dignité, de mémoire, et de réparation symbolique à travers la réhabilitation d’une figure familiale oubliée. L’enquête d’Adèle Yon vise à briser un tabou familial et social, avec la conviction forte que l’héritage des blessures psychiques ne doit pas se réduire à une condamnation généralisée, mais doit ouvrir un espace de compréhension et d’humanité. L’ouvrage soulève aussi un débat sur les pratiques psychiatriques et le regard porté sur les personnes diagnostiquées schizophrènes dans l’après-guerre.

Intérêt pour le lecteur et ambiance générale

Le livre séduit par sa combinaison rare entre une enquête personnelle intime et une analyse critique étayée, ouvrant une fenêtre sur une partie méconnue ou taboue de l’histoire familiale et médicale. L’ambiance est à la fois sobre et troublante, à la fois érudite et profondément humaine. La tension narrative naît du parcours simultané de découverte et de retour sur soi de l’autrice, rendant ce récit accessible, poignant et riche d’enseignements. Ce livre plaira autant aux lecteurs sensibles aux récits de famille qu’à ceux intéressés par les questions de psychiatrie, de genre et d’histoire sociale.



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